Une petite zone de confort

     Aujourd'hui, je suis allé dans une ville. De toutes les phrases d'introduction, celle ci est vraiment des plus banales, non ? Donc, je suis allé dans une ville, disais je, qui m'a bercée, et qui est le seul endroit où je me sens bien, ou je n'ai pas ce sentiment d'insécurité persistant, ou je n'ai pas constamment cette petite voix au fond de moi qui répète inlassablement "je veux mourir". Je me suis baladé, et j'ai vu des gens qui me sont vraiment très chers. J'en ai également profité pour continuer ma recherche d'emploi et travailler un peu plus ma confiance en soi. Et pour une fois, ce n'est pas parce que je les quitte que mon coeur est lourd.

     Non, cette fois ci, c'est parce que j'ai l'impression que ma place n'est plus ici. Les rues ont changé, les gens aussi. Vous avez été loin de moi si longtemps, et vous avez grandi loin de moi si vite. Et j'en viens à me demander si je suis toujours utile, si ça a toujours un sens pour moi, pour vous, que je continue de venir ? Passer toute une journée à faire semblant d'être heureuse et épanouie, et voir que ce n'était pas suffisant, n'a pas fait que m'essouffler davantage. Ça m'a aussi fait réaliser que je n'arrivais pas à tourner la page. Je ne peux pas la tourner, car j'ai ce besoin de rester dans le passé, d'avoir une petite zone de confort où je peux me réfugier. Créer un petit coeur à l'intérieur du mien qui battra et lui donnera un semblant de vie. Au moins le temps que j'arrive à me construire une autre zone de confort.

     Mais plus le temps passe, et plus l'idéalisation que je me fait de ce lieu et de ces personnes s'efface. Plus le temps passe, et plus ce petit coeur s'essouffle, maintenu en vie tant bien que mal par des vieux souvenirs repassant tant et tant dans ma tête qu'ils en deviennent lassant. Mais la réalité me rattrape. Les gens sont passé à autre chose, tandis que je reste inchangé, bloqué dans le passé. Au fond, si j'ai pu prendre conscience de tout ça, est ce un signe du fait que je sois en train de tourner la page, ou que je sois en train de lentement dépérir, enfermé dans une petite bulle de plus en plus fragile ?



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